Foire Aux Questions

Les questions récurrentes des parents sur la transidentité de leur enfant

Attention: Pour formuler ces réponses, je m'appuie à la fois sur mon expérience personnelle et sur les recommandations d'associations et de professionnels de la santé. Cependant, aucun parcours de transidentité n'est identique, et il en va donc de même pour le parcours des parents de personnes transgenre.

Si une réponse vous semble vraiment incomplète, n'hésitez pas à me faire un retour via le formulaire de contact.

C'est quoi exactement, "être Trans' "? Comment mon enfant sait-il qu'il ou elle l'est ?

Être transgenre, c'est ressentir un décalage entre le genre que l'on nous à donné à la naissance (fille ou garcon) et celui que l'on ressent être. Cet inconfort est plus ou moins intense, mais il est persistant.

Si votre enfant vous l'a annoncé, il ou elle est déjà très probablement dans une démarche de découverte de soi depuis un moment.

Si vous avez des doutes sur le fait qu'il ou elle soit transgenre, évitez de les lui faire peser, préférez vous renseigner de votre coté (c'est ce que vous êtes en train de faire!) et laissez faire le temps. Il ou elle se sera renseigné, et le fait de se rendre compte que l'on est transgenre, puis d'en parler aux proches, n'est pas fait à la légère.

Un question-réponses plus approfondi ici: Question à un expert : mon enfant est-il transgenre ? - Vivre Trans (vivre-trans.fr)

C'est une mode ?

Oui, et non: se sentir en décalage avec son genre assigné n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est l'attention médiatique qui est portée à ce phénomène, et qui permet à la fois aux personnes le ressentant de mettre des mots sur ces ressentis, mais aussi à celles que cela effraie de s'en saisir et de formuler des théories plus ou moins trompeuses à son égard.

De plus, peut-être que votre enfant a pour le moment besoin d'expérimenter avec son genre, et que ces expériences sont passagères. Accompagnez le dans la bienveillance, sans nier ses ressentis du moment.

Qu'est ce que ca implique, que mon enfant soit transgenre ?

Pour votre enfant, c'est un cheminement avec des répercussions à la fois positives et négatives sur beaucoup d'aspects de sa vie. Si il ou elle vous en à fait part, c'est un acte de courage et de confiance de sa part.

Pour vous, ce cheminement viendra de commencer, et vous risquez de ne pas être sur la même temporalité. Mais vous avez fait le premier pas: celui de vous renseigner.

Qu'est ce que ca change pour mon enfant ? qu'est ce qui va changer ?

Votre enfant voudra peut-être changer de pronoms, de prénom, d'apparence… Des démarches administratives seront peut-être à envisager, ainsi que la façon d'en informer les proches, l'école, les lieux de loisir…

Cependant, votre enfant reste le/la même: c'est votre enfant, avec sa personnalité, ses goûts, son histoire… Votre relation n'en sera pas forcément impactée et ce passage pourra même resserrer vos liens.

Que faire de mon côté, en tant que parent ?

Exactement ce que vous êtes en train de faire: vous renseigner, chercher de la réassurance. N'hésitez pas à multiplier les sources, à vous adresser aux associations et professionnels de la santé et/ou des transidentités de votre secteur.

N'hésitez pas à vous faire accompagner si vous ressentez le besoin d'un soutien thérapeutique dans cette épreuve: il est normal que ce moment puisse être un choc pour vous. Les associations peuvent vous réorienter vers des soignant.es au fait de la transidentité.

Vous pouvez également en discuter avec vos proches (avec l'accord de votre enfant et/ou s'ils sont déjà au courant).

Des ressources sont à votre disposition sur le site, à Ressources Web, Assos, Ouvrages et brochures.

Comment lui apporter du soutien ?

Même si vous êtes désemparé.e, perdu.e ou honteux.se, rassurez votre enfant sur votre soutien, dont il a beaucoup besoin. En fournissant un environnement sécurisant pour votre enfant, vous lui permettrez d'expérimenter son genre, la façon dont il ou elle le ressent, qu'il ou elle soit transgenre ou non.

Exprimer de la désapprobation ou des craintes personnelles ne changera pas sa transidentité potentielle, et risquera d'impacter son bien être et de distendre vos liens.

Vous pouvez alors, si son âge le permet et qu'iel y est disposé.e, discuter de son parcours, comment iel l'a découvert, l'a vécu, son ressenti sur le moment, ses envies pour le futur… Vous pouvez également lui proposer de contacter ensemble des associations, partager des ressources, aller à des évènements Trans'/LGBT...

la CAF propose cet article: Mon enfant est transgenre, comment bien l’accompagner ? | Bienvenue sur Caf.fr

Femmes d'aujourd'hui propose également cet article que je trouve pertinent: Comment accompagner son enfant dans la transidentité? - Femmes d'Aujourd'hui (femmesdaujourdhui.be)

Est ce que c'est ma faute ?

La réponse est simple: Non, ce n'est pas de votre faute. S'il existe une cause à la transidentité (ce qui n'a pas été trouvé), vous n'avez pas d'influence ni de responsabilité dessus, au même titre qu'une orientation sexuelle ou un talent inné.

Je ne comprends pas tous ces termes…

C'est normal: il en existe beaucoup, ils sont souvent nouveaux, et on ne les rencontre pas souvent. De plus, il existe des désaccords intra-communautaires sur l'utilisation et la pertinence des termes, et des débats politiques sont en cours.

Pour vous aider, j'ai construit un guide didactique des termes et concepts de la transidentité, avec un lexique. Wikitrans propose également un lexique plus complet.

Pourquoi l'ai-je su maintenant et pas avant ?

Parce que ni vous ni votre enfant ne le saviez ou n'envisagiez la possibilité, parce que votre enfant vous à fait assez confiance pour vous en parler maintenant, parce que ce n'est pas forcément flagrant… C'est normal d'être passé.e à côté, d'autant plus si votre enfant aussi !

J'ai l'impression de perdre mon fils / ma fille

Ce sentiment est fréquemment évoqué par les parents de personnes transgenre. Il est normal: les représentations et aspirations que vous aviez pour votre enfant se sont construites durant de nombreuses années, et il vous semble devoir soudainement les abandonner. Certains parents rapportent même un sentiment de crainte de ne plus connaître leur enfant, ou de vivre un deuil. Rassurez vous, votre enfant est toujours le même, il garde ses centres d'intérêt, ses goûts, ses traits de caractère... Ce sentiment de deuil pouvant être ressenti renvoie davantage a l'abandon des représentations liées au genre de votre enfant.

Toutefois, si cette impression renvoie à un mal être éventuellement remarqué chez votre enfant, n'hésitez pas à chercher avec lui une aide extérieure (psychologues, psychiatres etc).

Pourquoi n'accepte-il/elle pas son corps comme il est ?

Dans une société idéale, le poids des représentations, les usages ne seraient pas assez forts pour que certaines parties du corps soient perçues comme intrinsèquement femme ou homme, et l'aspect culturel du genre serait plus flexible. Malheureusement, nos cultures restent rigides et une femme possédant un pénis est vue comme "un homme à la naissance". (Ce n'est pas le cas de toutes les cultures).

Ces représentations font autant partie de nos fonctionnements cognitifs qu'un décalage entre le genre ressenti au fond de soi et la représentation genrée d'une partie du corps provoque un mal être profond, durable et dangereux pour la santé mentale: la dysphorie de genre.

A noter: certaines personnes transgenre réussissent à se détacher de ces représentations, et n'auront pas de problème avec leur corps. Par exemple, certains hommes transgenre vivront très bien avec des cheveux longs, des seins, imberbes etc.

Est ce qu'il/ elle voudra faire une chirurgie ?

Les chirurgies sont très rarement envisagées dans les premiers temps d'une transition. De plus, toutes les personnes transgenre ne ressentent pas le besoin de faire des chirurgies.

Si le sujet n'est pas abordé lors des discussions, laissez le temps faire. Si il vient sur la table à un moment, prenez le temps d'en discuter, de rassurer votre enfant sur votre soutien, sans se précipiter ni sur le début des démarches, ni sur le rejet de l'éventualité.

Dans le cas d'un enfant mineur, il sera nécessaire de passer par des professionnels de santé compétents. Les chirurgies sur mineurs existent MAIS elles sont extrêmement encadrées [source].Vous pourrez vous renseigner auprès des associations LGBT+ de votre région, qui ont souvent des adresses à disposition.

Modifie-t-on le corps des enfants mineurs ?

La présence de ce sujet dans les représentations autour des transidentités existe notamment à cause de son instrumentalisation par certains médias dans le but de provoquer la peur et l'hostilité, ou de documenter dans un objectif voyeuriste, de spectacle un phénomène peu représentatif. (source)

Toutefois, les inquiétudes concernant la santé des enfants peuvent être légitimes. Il faut alors adresser le sujet en profondeur: de quelles modifications parle-t-on ?

En premier lieu, il est à noter que les débats éthiques ont en cours et que l'accès aux modification corporelles des mineurs sont strictement soumis à l'avis de comités interprofessionnels des établissements de santé, les RCP (Réunions de Concertations Professionnelles), et les obtenir nécessite un suivi médical et le consentement écrit des tuteurs légaux.

Ensuite, comme abordé dans la partie de ce site sur la sexuation et les caractères sexuels, deux terrains d'interventions médicales très distincts dans leurs procédures sont possibles: le système hormonal et les organes reproductifs (seins, organes génitaux).

Le premier peut être influencé par un traitement hormonal de substitution, et dans les cas des jeunes en pré-puberté, des bloqueurs de puberté. La réversibilité ou non de ces traitement est encore en discussion auprès des communautés scientifiques. Il peut représenter un facteur thérapeutique dans le traitement des troubles psychiques des adolescents transgenres. (Source1, source2). Les bloqueurs de puberté ont l'avantage de permettre un retardement de changements corporels laissant le temps à la réflexion et un évitement éventuel de chirurgies plus tard, et certains désavantages, notamment l'incertitude de l'accès à des chirurgies plus rares et des impacts sur le corps (fertilité par exemple). L'accès aux traitement hormonaux avant 16 ans est très rare (source), et leurs effets secondaires sur la santé, moins importants qu'affirmé dans de nombreux médias.

L'intervention chirurgicale sur le second est quasi inexistante chez les jeunes mineurs: en France, les seules chirurgies autorisées avant la majorité sont les torsoplasties (retirer les seins), réalisées lorsque la présence de la poitrine est important et provoque des troubles psychiques (Dysphorie, risque suicidaire, etc.). Ces chirurgies ne sont pas nécessaires si le jeune à suivi un traitement de bloqueurs de puberté. Le consentement des tuteurs légaux et de l'enfant sont nécessaires.

Pour en savoir plus sur les statistiques concernant les modifications corporelles sur mineurs et la déontologie de l'ordre des médecins, vous pouvez consulter cet article, sur lequel je me suis appuyé pour formuler cette réponse : La prise en charge des enfants, adolescentes et adolescents transgenres en France : controverses récentes et enjeux éthiques - ScienceDirect

Vous pouvez aussi consulter ces échanges et articles traitant des questionnements éthiques et pratiques autours des chirurgies sur les mineurs: "L'Ordre des Médecins valide les chirurgies pour ados trans" et le "Droit de réponse du Conseil National de l'Ordre des Médecins - Le ReST"

Et si il/elle regrette un jour avoir transitionné ?

C'est une éventualité, mais plusieurs choses sont à garder en tête:

  • le genre est variable au cours de la vie: il ne reste pas nécessairement le même.

  • Les regrets de transitions sont documenté et statistiquement faibles: une étude faite aux états unis montre un pourcentage à 1 à 2 % de personnes détransitionnant, dont 82% des cas le font pour des causes externes (pressions, discriminations trop grandes…) (source)

  • Les regrets de chirurgies de réassignation sont rapportés entre 1 et 4 % (source), contre environ 30% pour les chirurgies esthétiques.

Qu'est ce qu'il ne faut pas dire à une personne transgenre ?

Une peur que nomment souvent les personnes cisgenre, c'est celle de dire quelque chose de maladroit. Il est vrai que certains termes ou questions peuvent être sensibles, et que parfois, les mots que vous avez en tête ne soient pas les plus adaptés. C'est normal: les façons que la société à d'en parler, dans les médias, entre personnes peu informées etc, infusent dans nos cerveaux, nos façons d'en parler et mettent à disposition un vocabulaire approximatif.

Néanmoins, si vous comprenez la transidentité, il sera bien plus facile d'être naturellement respectueux. Le degré de maladresse des termes et expressions varie également en fonction de votre proximité avec la personne.

Voilà quelques mots et expressions à ne pas utiliser, et leurs explications:

  • Utiliser l'ancien prénom et pronoms: Oui, c'est difficile et cela mettra du temps, c'est normal. Mais votre enfant a besoin qu'on le reconnaisse dans son identité, ou à minima dans l'expérimentation de son genre. Pour les personnes transgenre, entendre utilisé son deadname et être mégenré devient rapidement très douloureux, avec des conséquences sérieuses sur la santé mentale. Le plus important est de faire l'effort, puisque c'est une petite gymnastique mentale qui produit à terme d'excellent résultats: votre plasticité cérébrale sera entrainée mais surtout, la relation avec votre enfant pourra s'améliorer.

  • "Tu restes une fille/un garçon biologique": comme la page "les bases" l'explique, être fille ou garçon relève de la construction sociale et non du sexe. Une fille peut donc avoir un pénis, et un garçon une vulve. Si dans le contexte, vous voulez dire que cette personne possède tel ou tel organe génital, système hormonal, chromosomes etc, préférez le dire ainsi, en gardant en tête que sexuation et genre ne sont pas la même chose.

  • "C'est une mode / c'est une phase": allez voir la question "est ce que c'est une mode?" dans la FAQ.

  • "Tu vas te faire opérer ?": dans les représentations collectives, les personnes transgenre se font opérer. Cette représentation émerge souvent de l'aspect "spectacle" ou de curiosité sur la modification des organes génitaux. Dans le contexte, si c'est par souci pour votre enfant, sachez que les opérations ne sont ni obligatoires, ni la première préoccupation d'une personne transgenre au début de sa transition, et que cette décision la concerne et peut être intime. Cependant, si vous connaissez peu ou pas la personne, la réponse relève de son intimité et ne vous concerne pas.

  • "Il se sent fille" / "elle se sent garçon": puisque le genre est une construction sociale (voir page "sexe et genre"), se sentir fille ou garçon équivaut à l'être. Mais cette tournure de phrase fait transparaître avec l'utilisation des mauvais pronoms, l'idée faussée selon laquelle la personne se sent A mais est en réalité B. Il est important de ne pas nier ou minimiser ce ressenti, plus justement nommé "identité de genre".

  • "Tu est juste en crise d'adolescence/mal dans ta peau": ce type de phrase tend à minimiser la souffrance vécue, soit-elle due à un mal-être global ou à une dysphorie de genre.

  • "Comment tu vas faire pour avoir des relations amoureuses/ sexuelles ?": La vie intime de votre enfant ne le concerne que lui. Vous pouvez, légitimement, vous poser la question et ressentir de la curiosité ou de la peur à ces égards, mais elle n'appartiennent qu'a vous et in fine, viennent pointer vos propres craintes. Si vous ressentez le besoin de les exprimer, n'hésitez pas à prendre contact avec un.e psychologue ou associés, qui saura vous accompagner.

  • "Mais si tu deviens une fille/un garçon tu sera moche" ou "mais tu es une si jolie fille/un si beau garçon": les préférences esthétiques personnelles concernant l'aspect de votre enfant restent moins importantes que l'exploration de son identité.

  • "Tu dois accepter ton corps comme il est / ne ruine pas ton corps": A partir de sa majorité, le corps de votre enfant ne concerne que lui. Il a la pleine responsabilité ainsi que le plein choix de ce qu'il fait avec son corps. Les mesures médicales, altérant le corps, ne sont que TRES rarement prises lorsque l'enfant est mineur.

  • "C'est difficile pour moi d'accepter/ de changer mes façon de parler etc. ": Ces difficultés sont réelles et normales. Changer nécessite une gymnastique mentale certaine, et vous avez le droit de vous laisser le temps. Veillez cependant à ne pas utiliser ces raisons pour ne pas essayer et persévérer, ce qui risquerait de distendre vos relation avec votre enfant.

Note: ces remarques ont toutes été entendues ou rapportées par des personnes transgenre.